DelphetJ

Vendanges 2008

En ce premier week-end d’octobre 2008, le raisin a été analysé, c’est le moment de vendanger le Clos La Girolle. Cousin Trop Foon était de la partie et il a écrit un bel article dans notre quotidien régional préféré, tout est écrit :

Il faut vendanger son jardin

Cousin Trop Foon – SudOuest – 9 octobre 2008

Francis S. est électricien. Il convoque chaque année famille et amis pour vendanger les 600 pieds de vignes qu’il a plantés dans son pré et qu’il cultive comme d’autres s’occupent d’un potager

Un bébé babille dans un baillot. Aurèle, même pas quatre mois, est le benjamin des vendangeurs « recrutés » par Francis S. pour la campagne 2008. Samedi, c’était jour de récolte au Clos Girolle, une micropropriété des premières côtes de Bordeaux. L’après-midi aura suffi à délester les 600 pieds de vignes de leurs lourdes grappes rouges.

L’électricien camblanais à la soixantaine robuste et au quintal léger a planté sur son près, il y a maintenant quatre ans, dix rangs et demi de merlot. Bien alignés et chouchoutés toute l’année, ces derniers sont pour lui « un retour aux sources ». Le rital se souvient : « En 1966, il y avait des vignes partout. Mon beau-père est mort et on a dû procéder aux partages des terres. Alors moi et mon beau-frère on a tout arraché. Les vignes. Et presque un cerisier. Puis les terres ont été divisées. Des maisons ont été construites. »

En 2004. Et alors que ses voisins creusent une piscine ou investissent dans un portail automatique, lui, en 2004, décide de replanter des pieds de vigne. Officiellement pour subvenir à la consommation familiale de picrate. Officieusement, l’intention est ailleurs. Au regard de l’énergie et du temps passés à réaliser son projet, autour de lui, on analyse autrement cet engouement pour la viticulture. Il semblerait notamment, que Francis S. éprouve un plaisir évident à réunir ses amis et sa famille autour de lui.

Tout le monde tchatche. Donc, désormais, comme tous les ans à la même époque, une quinzaine de personnes fait le déplacement pour la récolte. Samedi, Aurèle assurait sa première récolte depuis son berceau de fortune, mais aussi Dédé, le doyen, 80 ans au compteur. Neveux, nièces, fille, gendre, belle-famille… débarquent survoltés chez l’électricien. Même pas peur des ampoules ni de se mettre à plat. Car ici, tout est fait à la main.

À chacun son baillot et son sécateur. À deux sur un même rang, on coupe les grappes et on taille la bavette. Pas autant qu’autour de la planche à égrainer où les blagues sur le jus et les grappes déclenchent autant les rires qu’elles ralentissent le travail. Les bastes se remplissent, les râpes tardent à tomber.

17 heures. Le taux de sucre mesuré et la première bière avalée, c’est le moment de fouler le raisin. Les volontaires pour « descendre dans la cuve et écraser les grains se font un poil prier. Un garçon et une fille, Véronique, la benjamine du proprio et J son neveu, pieds nus, pédalent finalement dans le raisin. Visiblement c’est froid, ça fait « plotch plotch » mais l’exercice se révèle quand même distrayant.

505 litres. Autour, dans le garage en briques rouges qui sert de chai, les autres tchachent. Pas de quoi avoir la migraine, on refait les vendanges de l’an passé, on se souvient du millésime 2006, il est aussi question de calcul. Pas facile en effet d’évaluer le volume de la récolte : après moult triturations des méninges à base de pi, de règles de trois et de franches rigolades, on trouve enfin un résultat : 505 litres de jus de raisins ont été extraits.

Mais de l’aveu de Francis, « la barrique buvant encore plus que lui », on ne devrait arriver qu’à 300 litres de vin. Pas mal quand même pour sa conso perso.

En attendant, l’heure du repas approche. Voilà, famille, amis, voisins touchent là le moment le plus éprouvant de la journée. Après l’effort, l’apéro, le pot-au-feu et les gâteaux achèvent les ouvriers Soligon. En plus, il faut bien le goûter ce vin de toutes les couleurs, pour mieux le comprendre. Aurèle a bu son biberon, il dort dans un coin, indifférent aux bruits de table. La gerbeaude s’étire gentiment, la nuit tombe doucement, l’ivresse gagne sereinement. On a produit le pif et on repart un peu paf.

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Numéro de document : news·20081009·SO·091008aP3261873

Quelques photos de cette belle journée :

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Je profite de ce jour pour envoyer à Tonton F. toutes les pensées bien affectueuses de Delph, Aurèle et moi-même ….